Un verre et tout dérape. - Connor & Gaby

Un verre et tout dérape - Gaby

S’il y a bien une chose insupportant Connor : c’est bel et bien l’échec, ce sentiment amer de ne pas réussir quelque chose que ce soit parce qu’on ne s’est pas donné à fond dans telle ou telle tâche ou tout simplement parce que le temps, le hasard ou le destin jouaient contre nous. L’humain a toujours été en quête de réussite et a toujours tenté de triompher mais quoi qu’il puisse faire il arrivera toujours un moment où il se retrouvera dos au mur, incapable de faire autre chose que de concéder la victoire à une force supérieure, à un adversaire plus fort ou même, à la fatalité. Et si avouer que l’on a perdu ou que l’on s’est trompé est difficile dans la majorité des situations, c’est encore plus écœurant lorsque l’on fait un métier aussi délicat que celui de flic car l’erreur et l’échec sont sanctionnés plus rudement que n’importe où ailleurs : lorsque les forces de l’ordre connaissent l’échec, cela rime généralement avec une victime qui n’a pas pu être sauvée, un criminel encore en liberté ou la photo d’un cadavre que l’on ajoute aux dossiers tristement classés. Dans ce boulot, la défaite est généralement fatale pour des innocents et les dommages sont bien souvent irréversibles. Vraiment, rien n’est pire pour un policier qu’une journée teintée d’échec…

Assis dans le fauteuil de son bureau, le capitaine de la police regardait pensivement la photographie de la victime du jour, une adolescente retrouvée morte dans un fossé après qu’elle ait été portée disparue la veille, signalée par des parents morts d’inquiétude et certainement dévastés à cette heure-là. Le matin-même, Connor avait mobilisé toutes ses troupes pour retrouver la pauvre jeune fille et la découverte d’un corps sans vie avait mis un coup à l’intégralité de l’équipe, les meurtres de ce genre rendant les gens particulièrement sensibles. Bien évidemment, le quadragénaire avait tout de suite mis ses meilleurs inspecteurs sur le coup et avait tiré de nombreuses ficelles afin qu’ils aient le champ libre pour faire leur travail, pister et retrouver le criminel qu’il espérait bien voir dormir derrière les barreaux à la nuit tombée : il n’en fut rien ! Si son équipe s’était montrée efficace, le destin avait arraché de ce monde le pédophile retrouvé lui aussi mort à son domicile, échappant ainsi aux mailles de la justice avant qu’on ait eu le temps de lui mettre les menottes dans un suicide au moins aussi lâche que ses actes. Un désastre, une catastrophe pour la ville de Brooks et pour son commissariat qui avait été battu, impuissant. Lorsque le corps du tueur avait été ramené à la morgue, Connor avait ressenti autant de haine que de frustration, dépité de voir que malgré ses efforts l’assassin n’allait pas payer pour son crime. Triste journée qu’il clôtura avec une conférence de presse morose et qu’il écourta aussi vite que possible, en hommage aux victimes autant que par dégoût pour la tournure qu’avaient pris les choses. Finalement, il s’était enfermé dans son bureau pour boucler la paperasse et n’en était pas sorti avant la tombée de la nuit, se contentant d’un verre de scotch en guise de repas et d’un message à sa fille plutôt que d’un appel, le cœur n’y étant pas et la certitude que son ex-femme avait encore sali son nom auprès de leur enfant lui coupant l’envie de téléphoner. Les minutes s’enchaînèrent avant que l’horloge n’indique une heure tardive qui lui signala qu’il était temps qu’il quitte le poste, ce qu’il fit en trainant les pieds et la mine morne. Mais plutôt que de se rendre directement chez lui, le policier décida de faire un détour par son bar favori histoire de se changer les idées.

L’endroit était comme à son habitude très animé, même si les mines des flics venant se détendre dans le coin étaient plus moroses que d’ordinaire. Lorsque leur supérieur pénétra dans le bâtiment habillé en civil, quelques-uns se contentèrent de le saluer avant de retourner à leurs occupations pendant que le capitaine se dirigeait vers le comptoir, son regard se posant sur la silhouette familière et élégante d’une des lieutenant-détective de son service. Gaby avait troqué ses vêtements de ville pour une robe des plus séduisantes et s’il n’était pas dans ses habitudes de lorgner sur ses subordonnées, Connor se laissa aller à un bref coup d’œil avant de s’accouder au comptoir : « Un Jack Daniel’s sec et la prochaine commande de la demoiselle est pour moi. » Il suivit le serveur du regard avant de lever la tête vers la télé située au-dessus du comptoir, cette dernière diffusant en boucle la conférence de presse qu’il avait mené suite à la découverte du corps plus tôt dans la matinée : « Et changez de chaîne si possible, j’ai eu ma dose de drame aujourd’hui… ». Prenant place à côté de Gaby alors qu’on lui apportait son verre, le quadragénaire sourit tristement à sa collègue en portant l’alcool à ses lèvres : « Journée de merde… Comment tu tiens le coup Sleeman ? ». Mauvaise habitude du travail, appeler ses subordonnés par leur nom de famille même en dehors du travail : pas étonnant que tout le monde le trouve froid et procédurier ! Pourtant, entendre Connor prendre des nouvelles du moral de ses troupes était rare et peut-être que la situation le rendait un peu plus tendre, qui sait….

© 2981 12289 0

Un verre et tout dérape - Gaby

L’alcool de son verre vint se perdre entre ses lèvres et à défaut de lui réchauffer totalement le cœur, le liquide réussit tout de même à lui tirer un petit soupir de satisfaction. S’il n’était pas alcoolique, Connor avait tout de même pris l’habitude de s’offrir un fond de whisky à la fin d’un jour de travail et boire était ainsi synonyme de récompense ou, dans des moments comme celui-ci, signe qu’au moins la journée était bientôt terminée et le cauchemar qu’elle avait été le serait aussi. Inspirant profondément, le capitaine de police passa lentement une main dans sa nuque pour se masser le cou alors qu’il faisait un demi-tour sur son siège histoire de jeter un œil au reste de la salle. Il remarqua quelques visages familier et pas uniquement des policiers mais également quelques pompiers et médecins qu’il avait eu la chance de croiser durant sa carrière. Ici, tout le monde avait dédié sa vie à la protection de la vie d’autrui et personne ne comprenait mieux à quel point il était difficile de se remettre d’un échec, de la perte d’un innocent. C’était sans doute cela qui réunissait tous ces gens en une communauté soudée et sans doute pour cela qu’il était venu ici plutôt qu’ailleurs, à l’image de Gaby qui pris la parole pour lui répondre. Comme lui, elle n’avait pas forcément bien vécu la journée et culpabilisait beaucoup de ne pas avoir pu faire plus, de ne pas avoir été en mesure de sauver la pauvre adolescente qui avait perdu la vie aujourd’hui. C’était peut-être injuste de penser ça lorsqu’on était flic, mais il était fréquent que la mort de certains nous touche plus que d’autres, que l’on souhaite sauver certaines victimes plus que d’autres. S’il était certes demandé d’être impartial dans les opérations menées par les forces de l’ordre, c’était tout bonnement impossible et cela menait à des moments comme celui-là, où une bonne policière se reprochait de ne pas avoir réussi, de ne pas avoir pu sauver quelqu’un : une pente savonneuse lorsqu’on se perdait dans ce genre de blâme : « Tu n’aurais pas pu faire beaucoup plus, le temps jouait contre nous et les indices n’étaient pas suffisamment nombreux pour qu’on intervienne plus vite. Ne culpabilise pas autant, on ne peut malheureusement pas gagner à tous les coups… ». C’était un constat difficile à accepter mais nécessaire pour avancer, pour ne pas refaire les mêmes erreurs et ne pas se laisser détruire pas nos pensées moroses. Et si Connor comprenait ce que la jeune femme avait dans la tête, il espérait également qu’elle réussisse à tourner la page histoire de ne pas sombrer dans la dépression. « … Mais je comprends que ton désir de rendre justice à la famille de la petite te frustre, cette histoire ne s’est bien fini pour personne… ». Il porta à nouveau son verre à se lèvres pour boire une nouvelle gorgée qui lui brûla la trachée, autant à cause de l’alcool fort que de l’amertume. Et quand elle lui demanda comment lui allait, il grimaça : « Furieux et dépité, il n’y a rien de plus rageant que d’échouer… Mais l’expérience fait que je me lèverais surement demain avec l’envie de mieux faire et en mettant ce qui s’est passé aujourd’hui de côté… Parce que c’est nécessaire pour bien faire notre boulot… ». Il lui fit face et plongea son regard azur dans celui de la belle brune : « T’es une bonne flic Sleeman et je suis certain que tu peux aller encore plus loin dans le métier. J’ai suivi tes affaires de près depuis que je suis devenu capitaine et je sais que je peux compter sur toi. Mais j’ai vu de nombreux bons flics foirer leur carrière à cause d’une affaire qui les ronge et qui les fait culpabiliser : tu mérites mieux que ça… ». Il lui sourit légèrement en posant son verre sur le comptoir, passant une main dans sa barbe de trois jours avant de rajouter : « Et tu devrais me tutoyer, je ne suis plus ton supérieur en dehors du boulot… Comme je devrais arrêter de t’appeler Sleeman, mais Gaby ». S’il était intransigeant et froid d’ordinaire, Il semblait que l’alcool et le poids de la journée avaient détendu le capitaine de police mais après tout, il fallait savoir un peu se détendre en dehors du boulot, même avec ses subordonnés !

© 2981 12289 0

Un verre et tout dérape - Gaby

Être un bon chef était toujours quelque chose de délicat, surtout dans une branche aussi particulière que les forces de l’ordre : soyez trop dur avec vos subordonnés et ces derniers peuvent se rebeller au plus mauvais moment et à l’inverse, soyez trop proches et amicaux avec eux et ils risquent de ne plus respecter votre autorité quand vous avez besoin de l’affirmer. Aussi, il fallait trouver un juste milieu et ce n’était pas forcément facile : Connor avait lui opté pour être intransigeant et exigeant avec ses troupes au travail afin de tirer le meilleur d’eux-mêmes mais essayait tout de même d’avoir une proximité avec eux, veiller sur leur bien-être en guise de preuve de sa bonne foi. C’était peut-être pour ça qu’il avait tant de facilité à rassurer ses hommes et à leur remonter le moral : s’il n’était pas vraiment du genre à les inviter faire un barbecue après le service ou à leur donner des conseils sur leur vie privée et amoureuse, il n’en restait pas moins un patron à l’écoute et qui savait leur parler quand il s’agissait de boulot et des difficultés qu’ils pouvaient rencontrer dans l’exercice de leurs fonctions. Et plus que ça, il avait réellement envie de soutenir les bons éléments comme Gaby afin qu’ils ne se laissent pas sombrer dans la dépression ou qu’ils ne doutent pas de leurs capacités comme elle l’avait fait pendant un instant. Alors peut-être qu’il n’arriverait pas à lui enlever de la tête qu’elle aurait éventuellement pu faire mieux mais au moins, il lui ferait savoir qu’elle n’était pas seule pour surmonter cette étape et que la vie continuait malgré tout. « Ils arriveront à faire leur deuil… Mais nous ne pouvons plus y faire grand-chose… ». C’était un peu ce qui était injuste dans le métier de flic, le fait que quelle que soit l’issue d’une enquête, les agents ayant intervenu n’ont plus vraiment de pouvoir après l’arrestation d’un criminel ou la mort d’une victime. C’était aux psychologues et aux médecins d’apporter du réconfort et malheureusement lorsqu’un policier tentait de s’impliquer d’avantage, cela ne faisait qu’augmenter les problèmes. C’était pour cela qu’il valait mieux ne plus revoir les proches des victimes après une enquête à moins qu’ils n’en fassent explicitement la demande.

Gaby sembla cependant un peu enclin à tourner la page et même si elle ne vivait pas forcément bien cette fin de journée, elle avait au moins conscience qu’ils pourraient faire mieux plus tard, sur une autre mission. C’était déjà pas mal quand on savait à quel point il était difficile d’aller de l’avant après un meurtre ou une affaire échouée. La jeune femme était une bonne flic et Connor en avait bien conscience et c’était pour cela qu’il avait un peu plus d’affection pour elle que pour le reste de son équipe, qu’il avait suivi ses états de service et qu’il tentait à présent de lui remonter le moral : si jamais il n’était pas là pour la soutenir et qu’elle craquait, il perdrait un élément clé de son commissariat. «  Tu n’es pas si fragile que ça, je connais beaucoup de flics qui rêveraient d’être aussi efficace et professionnel que toi ! Et voir une gamine de 17 ans mourir, ça n’est facile pour personne… ». Même pour Connor, bien que ça soit plus le fait de ne pas résoudre une enquête qui blessait son ego plus que la mort d’une personne en elle-même, aussi jeune soit-elle. Alors qu’il commandait un autre verre, le capitaine se tint bien en face de la jeune femme avec un léger sourire aux lèvres, ne pouvant s’empêcher de se dire que sans son uniforme, la demoiselle était des plus ravissantes. Même son rire lui réchauffa le cœur, alors qu’il ajoutait subtilement : « Bizarre ? Je ne veux pas te mettre mal à l’aise… C’est vrai que je n’ai pas l’habitude d’appeler les gens sous mes ordres par leur prénom mais je pense qu’on a passé le cap du vouvoiement ! On me reproche souvent de ne pas être assez proche de mes hommes, alors je vais faire un effort en commençant par toi ! ». Il sourit de plus belle en ajoutant : « Du coup, je vais profiter du fait qu’on a dépassé la barrière de la hiérarchie ce soir pour te poser une question qui me trotte derrière la tête depuis un moment : qu’est ce qui se dit sur moi au bureau ? Après tout, je suis certain que vous parlez de moi quand je ne suis pas là et je suis curieux de savoir ce qui se dit… Comme toi tu me vois par exemple ! » La curiosité est un vilain défaut, mais demande sans cesse d’être assouvie !

© 2981 12289 0

Un verre et tout dérape - Gaby

La familiarité n’était pas du tout le quotidien de Connor, trop habitué aux relations protocolaire avec ses subordonnées ou belliqueuses avec ses opposants, voir son supérieur hiérarchique. De manière générale, le capitaine de police n’avait pas une vie sociale très développée et il était exceptionnel qu’il se montre aussi détendu et familier avec quelqu’un. Heureusement pour lui, Gaby était une femme amicale et avec qui il était facile de se sentir détendu : avec l’alcool et la journée de merde, les défenses du quadragénaire étaient suffisamment basses pour qu’il se laisse aller à rire et à dialoguer, à partager un peu plus de son quotidien avec la lieutenant-détective. Cela faisait des années qu’il n’avait pas essayé d’apprendre à connaître réellement quelqu’un, de se dévoiler et de montrer certaines facettes de sa personnalité qu’il gardait secrètes. La dernière fois qu’il s’était réellement ouvert c’était avec son ex-femme et on ne pouvait pas dire que cela lui avait vraiment réussi. Aussi, il s’étonnait presque à être à l’aise avec la jolie brune et cela ne fit qu’alimenter la sympathie qu’il avait pour elle. « Crois-moi, tout le monde au bureau sait que tu es suffisamment forte pour ton travail, tu n’as pas à craindre qu’on te croie vulnérable ! ». Il était vrai que de tous les officiers de police, la réputation de Gaby comptait parmi les meilleures. Agent dévouée et impliquée, son quota de réussite ainsi que l’empathie qu’elle avait à l’égard des victimes la rendait diablement efficace et indispensable lors d’enquêtes sur des homicides ou des disparitions. C’était un gros plus pour Connor qui valorisait la carrière plus que n’importe quoi d’autre. Vraiment, la demoiselle avait absolument tout pour plaire et pour lui donner envie d’être sympathique et plus ouvert.

Sa curiosité ne tarda pas à être assouvie lorsque la policière lui décrivit ce qu’on disait sur lui, dévoilant ainsi un portrait assez flatteur et qui rassura le quadragénaire. Ainsi, ses collègues le voyaient comme un bon capitaine de police au sérieux et à la dévotion inégalables. Plus que ça, la jeune femme qu’il respectait énormément avait une opinion très positive sur lui et cela suffit à lui réchauffer le cœur, à lui faire se dire que finalement la journée n’était pas aussi horrible que ça, même si elle n’en restait pas moins triste. Souriant franchement, Connor se frotta pensivement le crâne, presque gêné de telles déclarations. Mais en se ressaisissant bien vite, il finit par conclure : « Eh bien, tout ce que tu me dis prouve que mes efforts semblent payer ! C’est indispensable pour moi d’être vu de la manière dont tu m’as décrit et ça me rassure un peu dans ma démarche ! ». Buvant encore un peu, il sentit la chaleur s’emparer encore un peu plus de son corps, l’effet de l’alcool le possédant peu à peu alors qu’il regardait la jeune femme d’un air mystérieux, comme s’il réfléchissait à ce qu’il allait lui répondre : « En tant qu’agent de police, je peux te dire que tu es professionnelle et empathique, deux qualités qui se marient très bien dans notre métier. Tes opérations se soldent souvent par une réussite et je ne peux qu’être fier et heureux de t’avoir dans mon service ! ». Il rit légèrement avant d’ajouter : « Et sur un plan plus personnel, je trouve que tu es une personne très agréable et avec qui on se sent facilement bien ! C’est quelque chose que j’apprécie encore plus, vu à quel point il est difficile pour moi de me sociabiliser… ». Un léger clin d’œil et l’homme plonge de nouveau son regard dans le sien : c’est vrai qu’elle a quand même quelque chose de particulier cette Gaby !

© 2981 12289 0

Un verre et tout dérape - Gaby

L’atmosphère devenait de plus en plus chaleureuse à mesure que leurs verres descendaient et qu’ils consommaient de l’alcool, faisant connaissance au comptoir du Joe’s Bar comme deux amis cherchant à en savoir plus sur l’autre, se découvrant au fil de leurs questions et des compliments qu’ils échangeaient avec une simplicité déconcertante. Il n’était pas difficile de trouver des points positifs à mettre en valeur chez Gaby et Connor se laissait aller à des flatteries qui semblaient toucher son interlocutrice, cette dernière appréciant certainement que son capitaine voit en elle un aussi bon élément pour la police et son service en particulier. Si le quadragénaire était exigeant et ne tolérait que peu l’erreur, il savait également avouer lorsque ses subordonnés étaient qualifiés et efficaces, à l’image de la belle brune qu’il trouvait de plus en plus ravissante au cours de la conversation. Il était vraiment très agréable pour lui de laisser un peu tomber l’image de l’homme dur et sérieux qu’il était d’ordinaire et de laisser quelqu’un franchir la frontière qu’il mettait régulièrement entre lui et le reste du monde. Son regard plongeait dans le sien, il se sentait un peu plus détendu lorsqu’elle lui retournait ses compliments en soulignant à quel point il faisait du bon travail, éloge ultime pour quelqu’un aussi à cheval sur sa carrière que lui. Savoir qu’une fille comme Gaby valorisait autant son travail était une récompense amplement suffisante pour lui donner envie de se donner à fond et en cette journée morose, il avait bien besoin de ça !

Quand la demoiselle rougit, Connor sentit une chaleur nouvelle remonter dans tout son corps, sentiment différent de celui provoqué par la consommation d’alcool. Elle était mignonne et il ne pouvait le nier et s’il n’était jusqu’à présent pas en quête d’une nouvelle histoire d’amour, il devait bien avouer que Gaby ne le laissait pas indifférent. Oh, il n’en était pas au stade où il était amoureux ou qu’il allait tenter de la séduire, mais elle attisait sa curiosité et il voulait apprendre à la connaître en dehors de leur métier, en dehors de leur vie au poste. Il voulait cependant se retenir, conscient qu’une relation avec une collègue de travail n’était pas forcément quelque chose de bien et qui pourrait nuire à son travail. Mais l’alcool aidant, ce n’était pas sa préoccupation première et il voulait découvrir cette femme avec qui il se sentait autant à l’aise. « Tu mérites largement ces compliments ! Dans ma carrière, j’ai rarement vu quelqu’un aussi fait pour ce job que toi et crois moi, j’ai eu l’occasion de travailler avec un bon nombre de policiers… ». Une nouvelle gorgée de whisky pour le faire un peu plus sombrer dans la gaieté de l’alcoolisme, ses joues rougissant un peu à cause de la boisson. Discrètement, il se racla la gorge en regardant l’heure affichée à la télé : il commençait à être tard et les premiers clients s’en allaient. Pourtant, lui n’avait aucune envie de partir et au contraire, il reprit la parole : « Dis-moi, qu’est ce qui t’as poussé à devenir flic ? C’était une vocation ? Un choix par défaut ? ». Il sourit en la regardant avec bienveillance, bien loin du personnage qu’il était au travail : « Enfin, quoi que ce soit, nous avons de la chance que tu sois devenu officier de police ! ». Beaucoup de chance même car sans ça, ils n’auraient pas cette discussion aujourd’hui.

© 2981 12289 0