Parfois, il faut savoir se lancer. | Grace.

Il avait eu beau dire qu’il n’avait pas besoin d’aller à l’hôpital, mais personne ne l’avait écouté. Il venait de terminer une intervention et il était brûlé à la main gauche, mais ça n’était pas un problème selon lui. Non seulement parce qu’il avait déjà vécu pire et ensuite parce qu’il n’avait pas mal. Enfin pas trop mal. Bon d’accord, il avait mal, mais il était en plein service, il ne pouvait donc pas se permettre de s’absenter. Malheureusement son chef lui donna l’ordre d’aller se faire soigner et en soupirant, il monta dans l’ambulance qui amenait déjà une des victimes de l’incendie vers l’hôpital. Discutant avec la petite fille qui avait respiré beaucoup de fumée, il s’amusa de la voir en pleine forme. Elle toussait un peu, mais à part ça elle semblait aller bien. Une fois à l’hôpital, il la suivit jusqu’à qu’elle soit amenée pour des soins et lui attendit son tour. Une infirmière était prête à l’amener dans un box, mais il refusa, préférant d’abord vérifier que la demoiselle allait bien. Une heure passa et il la vit revenir avec ses parents. Apparemment elle allait mieux et elle aurait juste besoin de bien évacuer la fumée et donc de passer le reste de la journée aux urgences. Discutant un peu avec eux, il entendit l’infirmière lui dire qu’il devait maintenant y aller et il fit un clin d’œil à la petite fille avant d’aller s’asseoir dans le box où il attendait son tour. En voyant la porte s’ouvrir, il leva la tête prêt à dire qu’il n’avait pas mal quand il croisa le regard du médecin qui venait d’entrer.

Bonjour.

Ce fut la seule chose qu’il parvint à dire sur le moment. Quoi ? Oui il avait perdu tous ses moyens et visiblement l’infirmière l’avait remarqué parce qu’elle souriait.

Docteur Conrad.

Hochant la tête, il esquissa un sourire, tendant alors sa main gauche pour qu’elle puisse regarder ce qui se passait.

Ca n’est rien de grave, mais mon supérieur m’a forcé à venir quand même.

Travailler dans les urgences, c’était épuisant. Il n’y avait aucun doute à ce sujet. Tu le savais mais c’était le service dans lequel tu étais entré après ton internat et tu n’avais jamais réellement voulu en sortir. Tu en connaissais toutes les limites et les horreurs mais tu ne pouvais t’empêcher d’être fière de tous ces gens que vous sauviez tout de même. En général les patients se succédaient, peu restaient plus de quelques minutes entre tes mains. Il fallait soigner les blessures et les maladies bégnines le plus rapidement possible, c’était la règle. Mais tu le faisais toujours bien dans tous les cas. Ta spécialité avait été les enfants lors de tes études et c’était en général toi que l’on envoyait quand un enfant se retrouvait entre vos murs. Tu étais tranquillement en train de boire un café quand une collègue vint te chercher. Il était temps de terminer la pause un peu plus tôt, un pompier attendait d’être soigné. Mécaniquement, ton esprit se tourna vers Mark mais aussi Richie et c’est avec la gorge serrée que tu essayais de marcher le plus tranquillement possible jusqu’à l’endroit que t’avait indiqué ta collègue. Quand un pompier ou un policier arrivait blessé aux urgences, c’était toujours un moment compliqué pour tout le monde parce vous les connaissiez. Même si ce n’était pas personnellement, comme vous ils étaient là pour sauver cette ville d’elle-même. Tu ne tardais pas à enfiler les gants en latex avant de pousser la porte qui te permettait d’entrer. Alors que tu fermais cette dernière, ton regard se posa sur Mark et la seule chose qui t’empêcha de paniquer complètement était le fait qu’il n’était pas allongé et complètement inconscient avec des brûlures partout mais assis en train d’attendre tranquillement. « Bonjour. Docteur Conrad. » Tu secouais la tête en laissant un sourire s’étaler sur tes lèvres. « Je pense que tu peux m’appeler Grace. » Dis-tu avec un clin d’œil en sa direction. C’était pour le taquiner un peu et aussi pour essayer de cacher cette inquiétude qui était toujours présente et que tu préférais ne pas trop expliquer, même à toi-même, pour l’instant. « Ca n’est rien de grave, mais mon supérieur m’a forcé à venir quand même. » Sérieuse une fois de plus, tu attrapais sa main dans la tienne et tu l’observais un moment avant de toucher un petit peu à sa blessure. En effet, ce n’était rien de grave, du moins pour cette fois. Avec les brûlures, mieux vaut ne pas prendre de risques. « Il a bien fait, une brûlure peut cacher beaucoup de choses mais cela n’a pas l’air d’être ton cas. Tu as de la chance. » Dis-tu en attrapant une pommade dans tiroir. Tu en mis un peu sur tes doigts avant de l’appliquer sur sa main. « Comment est-ce que ça s’est passé ? » Lui demandas-tu curieuse et un peu parce que tu n’avais pas envi qu’il parte trop vite …

Etre ridicule il en avait l’habitude. Que ça soit quand sa sœur le piégeait ou quand Richie et Everly se liguaient contre lui. Heureusement, il y avait le chien de la jeune femme qui l’aidait. C’était son seul réconfort une fois chez eux. Quoi qu’il changeait vite de camp aussi. Mais ça l’amusait en général. Après tout, il avait appris à rire de lui-même, donc ça n’était pas un souci. Sauf quand il était ridicule parce que sa timidité prenait le pas sur le reste. Comme en cet instant précis où il ne s’était pas attendu à ce que ça soit Grace qui vienne lui faire face. Il se doutait qu’elle devait être par là quelque part, mais pas qu’elle serait celle qui viendrait le soigner. De plus, selon lui, ça n’était qu’une petite brûlure, donc rien de vraiment important. Donc, il commença par voir l’amusement chez l’infirmière, avant d’écouter la jeune femme en rajouter une couche et avec un clin d’œil. C’était encore pire que ce qu’il avait imaginé. Esquissant un sourire tout en hochant la tête, il acceptait de l’appeler par son prénom même si pour le moment il expliquait plutôt le pourquoi de sa visite. Il était le patient et selon son chef, il devait venir faire vérifier l’état de sa main. La laissant faire, tu attendais patiemment, avant de hausser les épaules à ses propos.

J’ai vécu pire.

C’était vrai, avec l’armée et tout le reste. Mais, il n’était pas là pour en parler. Il n’avait pas envie de parler de ceux qu’il avait perdus là-bas ou des problèmes qu’il avait depuis. Non, il regarda plutôt le médecin aller chercher quelque chose, avant qu’elle ne revienne s’occuper de sa main et à sa question, il grimaça un peu.

On a été appelé par les parents d’une petite fille qui étaient partit chez le voisin d’en face pour discuter. Seulement, la demoiselle a décidé de jouer avec les bougies et son chat l’a renversé. Le feu a pris dans les rideaux et elle n’a pas réussi à sortir de la maison. Donc, on a été la récupérer et une poutre du plafond m’est tombé dessus. Je l’ai réceptionné avec ma main, mais j’ai mis trop de temps à la repousser, donc le feu a traversé mon gant.

Il savait qu’il aurait dû être plus rapide, mais il avait préféré protéger la petite fille d’abord. La douleur il pouvait le contenir pendant quelques minutes et il faisait passer la vie de la demoiselle avant tout.

La petite fille a réussi à sortir, mais j’ai dû aller récupérer le chat et c’est comme ça que je me suis retrouvé sous la poutre.